Différence entre DPI et LPI

DPI = LPI ?

Un question assez récurrente et très souvent floue. Pour y avoir été confronté aujourd’hui, me voilà à la rédaction de ce billet. On utilise ces deux unités sans trop savoir pourquoi, et comme bien souvent ça ne pose pas de gros soucis, on ne se penche jamais sur le pourquoi du comment. Mais en définitive, quand on pose la question à un professionnel, on a souvent des réponses évasives. Essayons de mettre les choses au clair :

D’un point de vue du sens, les notions sont équivalentes car les deux unités parlent de la résolution.

Le DPI (Dot Per Inch) veut dire littéralement : Nombre de points sur une longueur de 1 pouce.

On l’utilise pour les images numériques mais on le rencontre aussi pour les flasheuses et pour les imprimantes jet d’encre / laser.

Pour être clair :

  • Dans le cas des images numériques, le DPI représente la quantité de pixels sur une longueur de 1 pouce.
  • Dans le cas des flasheuses, le DPI représente la quantité de points d’impact possibles du laser sur la plaque (ou le film) sur une longueur de 1 pouce.
  • Dans le cas des imprimantes jet d’encre / laser, le DPI représente la quantité de points d’encre imprimables sur une longueur de 1 pouce.

C’est une information sur la densité des points quels qu’ils soient.

Le LPI  (Line Per Inch) veut dire littéralement : Nombre de lignes sur une longueur de 1 pouce.

La ligne, c’est une notion propre à l’imprimeur pour caractériser sa trame. Au lieu de la considérer comme des points d’encre à positions fixées sur une grille, il la considère comme des lignes de points d’encre. Ce n’est qu’une question de point de vue instauré par les habitudes et la pratique. En définitive, une ligne étant constituée de points d’encre, on pourrait dire que la linéature c’est : La quantité de points d’encre sur une longueur de 1 pouce.

En d’autres termes, LPI et DPI ont le même sens (Voilà pourquoi ces notions sont si confondues!).

Maintenant attention, si un mystère plane autour de ces unités, c’est qu’il y a toute de même un piège. C’est le piège classique de mélanger les choux et les carottes !

En pratique quand on se retrouve face au problème LPI / DPI c’est que l’on souhaite imprimer un fichier numérique. On se demande par exemple « Mon imprimante sort en 150 lpi, est-ce que c’est bon si mon fichier est à 150 dpi?« .

Dans un monde idéal, la réponse serait oui en toute logique. Mais en pratique non, et il faudra même un fichier de 300 dpi en entrée !

Pourquoi ?

La réponse se trouve dans une des propriétés de la trame classique. Alors que les pixels de chaque couche CMJN de l’image numérique à imprimer sont bien alignés suivant une même grille (orientée à 0°), les points de la trame d’imprimerie sont orientés différemment pour chaque couleur (Figure 1). Cet orientation permet entre autre de limiter le phénomène de moiré. À titre indicatif, voici les valeurs couramment utilisées :

  • 0° pour la grille du jaune
  • 15° pour la grille du cyan
  • 45° pour la grille du noir
  • 75° pour la grille du magenta
Angles de trame

Figure 1 - Angles de trame en imprimerie (source http://qualityinprint.blogspot.com)

Pour transformer la couche Jaune du fichier numérique en trame (Figure 2), aucun souci, les deux grilles correspondent mais pour transformer la couche Magenta en trame (Figure 3) on fait face à un petit problème… les futurs points de trame ne se superposent plus parfaitement avec les pixels. Parfois, la position d’un point de trame se trouvera entre 2 ou 3 pixels différents ! Dans ces cas là, il faut faire des moyennes et des approximations pour redéfinir la valeur de ce point de trame à cheval et ces calculs peuvent impliquer des pertes en rendu.

génération de la trame pour la couche jaune

Figure 2 - Cette animation illustre la bonne correspondance des deux grilles (Pixel et trame Jaune) toutes deux orientées à 0°. Dans cette configuration, pas de problème.

génération de la trame pour la couche magenta

Figure 3 - Dans cette animation on remarque que les deux grilles ne sont plus alignées (orientation de 75° pour la trame magenta). Les points de trame vont devoir générer des points "hybrides" calculés par moyennes et approximations. Ces calculs peuvent nuire au rendu.

L’expérience à montré que l’on obtenait de meilleurs résultats si la résolution d’entrée (DPI) était entre 1,5 voire 2 fois plus grande que la résolution de sortie (LPI). En dessous de 1,5 on constate des pertes et au-dessus de 2 on ne note plus d’améliorations. En imprimerie, on a donc pris la convention du facteur 2 et on l’appelle « le facteur de qualité » ou « facteur d’échantillonnage ».

C’est la raison « obscure » qui explique tout cela. Notez au passage que cela n’implique que les trames orientées, les trames à diffusion ne sont donc pas concernées par ce facteur 2 (cas du jet d’encre par exemple). La réponse à la grande question est donc :

DPI = 2 x LPI

Et comme la plupart des périphériques de sortie chez les imprimeurs ont des résolutions inférieures ou égales à 150 lpi, ce n’est pas innocent si on vous conseille de travailler en 300 dpi pour l’impression ;).

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Petit glossaire :
  • lpi : Lines Per Inch
  • dpi : Dots Per Inch
  • ppp : Points Par Pouce
  • lpp : Lignes Par Pouce
  • lpi = lpp
  • dpi = ppp
  • 1 inch = 1 pouce = 2,54 cm
Lien connexe :
  • Sur cette page de l’université de DePaul (Chicago) l’auteur (Stuart Grais) propose une définition plus académique des termes (DPI, LPI, PPI, SPI) et pointe du doigt la mauvaise utilisation des unités DPI et PPI. Pour lui DPI est une résolution d’imprimante, pas d’image ! Mon utilisation de « DPI » serait alors mauvaise. Néanmoins j’utilise l’expression d’usage et colle à la question que tout le monde se pose.

13 commentaires pour cet article.

  1. Laurent a dit :

    Un grand merci pour cette explication parfaitement claire. J’apprécie en particulier que chaque point abordé soit documenté, ce qui évite de perdre le lecteur en cours de route.

    NB : je travaille depuis vingt ans sur des interfaces graphiques – donc en RVB et en résolution écran – mais il m’arrive de travailler sur du print. J’ai croisé le LPI dans un gabarit pour imprimer sur un CD et c’est dans ce cadre qu’une recherche Google (« DPI and LPI ») m’a amené ici.

    • Vincent a dit :

      Merci Laurent. Heureux d’avoir pu vous aider.
      Bien cordialement,
      Vincent.

  2. Zacharie a dit :

    Article d’une grande clarté, rédigée et illustrée avec beaucoup de soin et de précision, de grandes qualités didactiques ! Impossible de sortir de la lecture de l’article sans avoir compris le sujet, sauf à lire « en diagonale » (ce qui serait un comble dans le cas présent !).
    Soucieux de la langue, en lisant j’ai repéré ici ou là quelques fautes d’orthographe ou d’accord, c’est dommage vu la qualité du texte, si vous le souhaitez je peux faire une relecture pour vous signaler les corrections qu’il conviendrait de faire, n’hésitez pas à me contacter pour confirmation.
    Merci encore pour l’article et peut-être à bientôt.

    • Vincent a dit :

      Avec plaisir ! Vous pouvez passer par le formulaire de contact.
      Merci de votre intérêt.

      • Zacharie a dit :

        Le formulaire de contact ne permet pas de vous envoyer une pièce jointe, or j’ai préparé les corrections sur un pdf (car elles sont finalement, après relecture, assez nombreuses), pouvez-vous me joindre directement par mail pour que je vous envoie le pdf par retour ?

        • Vincent a dit :

          Les corrections sont faites. Merci Zacharie.

  3. bastien a dit :

    super clair merci

  4. Harald a dit :

    Super, très bien détaillé. Ca ma permis de retirer certain doute que jamais encore.

  5. Martin a dit :

    Merci beaucoup pour ces informations !

  6. HH a dit :

    Enfin quelqu’un de compétent et capable d’explications claires… merci encore